Ca me fend le cœur de savoir que certaines personnes ne peuvent pas, pour des raisons financières ou autres, prendre des vacances. C’est un luxe. Aujourd’hui, avec l’inflation d’autant plus.

Issue d’une famille d’ouvriers, mes étés se déroulaient à la campagne chez mes grands-parents. La mer ? Rare denrée que je goûtais durant une petite semaine sous tente.

En en parlant avec mon mari…je lui ai fait la remarque que mes grands-parents n’étaient jamais partis en vacances (si, une fois pour leur anniversaire de mariage !).

  • Ils n’en avaient pas besoin, me dit-il.

Je le regarde interloquée. Et en y pensant, non, effectivement, ils n’en avaient pas besoin et même et ne souhaitaient même pas partir. Mon grand-père préférait cueillir ses cerises et ma grand-mère accueillir ses petits-enfants.

  • C’est le travail qui nous donne envie de vacances, continue-t-il.

Mes grands-parents étaient issus de la Terre. Ils vivaient à leur rythme avec ce qu’ils recevaient durant le mois. C’était leur plus grande richesse. À quoi bon partir ailleurs alors que pour eux, ils avaient tout ?

Sommes-nous devenus esclaves de ce travail qui nous fait désirer des vacances, qui si on ne les a pas nous fait ressentir du manque, de la honte, du rejet ? (je reprends mon souffle !). Doit-on attendre la récompense de l’été pour se laisser vivre ?

À l’époque (1990), j’avais l’impression d’être seule au monde. Même si la majorité partait moins qu’aujourd’hui, la solitude et la différence se faisait ressentir. Heureusement, chez ces mêmes grands-parents, je vivais des moments inoubliables avec mes cousins, les animaux, ma grand-mère, mes oncles et tantes. C’était mon lieu refuge. Pas de mer. Mais une liberté d’être et d’exister à mon rythme.

Alors aujourd’hui, ça me fend le cœur, oui ! Car je sais le vide que l’on ressent quand on se sent inférieur-e aux autres…La honte, quoi !

Bien entendu, avec tout ce que j’ai expérimenté, je le crie haut et fort, la valeur n’est pas ce que l’on fait…bien sûr que non !

Mais j’aurais eu besoin que l’on m’explique enfant que « qui l’on est, est une valeur sûre ! et que tout ce que l’on vit apporte de la richesse, peu importe que ce soit dans le vent ou pas ! »

Rester à la maison, se reposer, lire, sortir dans des festivals pas chers, c’est aussi remplir son intériorité. Et cette année, plus que toutes les autres, nous en avons besoin. Se recentrer. Accepter le vide. Même s’il fait peur, même s’il peut paraître différent de ce que les autres vous envoient comme carte postale sur les réseaux sociaux, il se pourrait qu’il soit tout aussi nourrissant que de s’en aller à l’autre bout de la planète…l’évasion fait un bout, mais absolument pas tout !

Alors sachez, cher-e-s ami-e-s hypersensibles, que la solitude de l’été peut être une vision erronée de l’existence des autres (on croit toujours que l’herbe est plus verte ailleurs, au lieu de cultiver ses propres tomates !!!) et surtout qu’elle peut être en lien avec un manque…d’estime de soi ! mais aussi de croyances qui nous bloquent dans une grande pauvreté intérieure et non réelle.

Et si vous la choisissiez cette solitude, vous en faisiez un atout, une force, un art, cet été, plutôt que de la subir ? Chaque jour, notez une satisfaction de ce que vous avez vécu dans la journée, partagez votre émerveillement, votre réflexion avec un-e ami-e, un membre de la famille, un voisin, prenez une photo d’une fleur, d’une rencontrer. Créez votre album de vacances comme vous le souhaitez…et remplissez-le ainsi que tout votre être de ce que la vie vous offre! Il n’y a pas de petits cadeaux…

Il se pourrait que l’extraordinaire se trouve à portée de mains, sans prendre l’avion, n’est-ce pas ?

C’est aussi cela sublimer son hypersensibilité!

Aline