La jalousie…

J’ai mis du temps avant de vous en parler. Parce qu’elle est moche, parce qu’elle fait mal et surtout parce qu’elle est, de manière ancestrale, ancrée en chacun de nous. Oui à un niveau plus ou moins élevé…mais depuis tout petits ne sommes-nous pas jaloux de notre frère, notre cousine, ensuite, de notre camarade, de notre voisin ?

Oui, elle nous concerne tous. Car elle n’est pas qu’une histoire de couple dont la femme ou le mari est jaloux.

Alors peut-être devrions-nous l’appeler l’envie ?

Dans toutes les philosophies spirituelles, la convoitise, la jalousie, l’envie sont à purger.

Mais pourquoi en éprouvons-nous ?

Pour plusieurs raisons, à mon avis. D’abord parce que nous nous comparons. Plus beau, plus grand, plus intelligent. On « est » toujours par rapport à quelqu’un. Et puis il y a la blessure de l’injustice qui exige, lorsqu’elle est en feu, que tout le monde ait sa part du gâteau, que ce soit équitable. L’intention derrière la blessure semble plutôt généreuse, mais sa manifestation prend bien souvent des tournures rigides, elle exige ! elle veut ! Elle se venge ?

Et puis, à force de lire, de vivre et de purger la jalousie dans ma vie, elle me paraît prendre ses racines dans le fait que nous pensions que nous sommes « MOINS ». Renforcée par l’éducation, la compétitivité, le besoin d’être au-dessus, mieux, plus que ce que nous sommes facilement, elle essouffle et crée des pensées négatives envers l’autre par frustrations.

Si nous savons nous aimer…oui, je vous l’accorde, grand concept ! Et pourtant, peut-être devrions-nous commencer par cela, il serait plus facile d’accepter nos faiblesses et ne pas les interpréter comme des « MOINS », mais des occasions (là aussi, je vous l’accorde encore, grand concept !) d’apprentissages.

Et puis, il y a dans la jalousie, bien dissimulée et enveloppée par ce fameux sentiment « d’injustice », une belle part d’égoïsme.

Aïe ! oui, ça fait mal… mais qui a dit que la jalousie était douce ? Elle blesse les autres et soi-même. Parce qu’en fond de trame, il y a ce « Et pourquoi pas moi ? », « C’est trop injuste » du petit Caliméro qui trimballe sa coquille. Un positionnement de victime qui devient tyrannique, dépendant et finalement malveillant.

Un moine expliquait dans une vidéo comment est vécu la jalousie et, je dois avouer avoir eu un haut le cœur, un sentiment de dégoût. Je vous retranscris ses dires :

« La jalousie se voit ainsi : quand quelqu’un fait mieux que vous, vous ne l’aimez pas. Il vous paraît un adversaire. Par contre, s’il va mal, il devient aimable. »

Berk, oui berk. Mais soyons honnêtes et francs, lorsque vous voyez quelqu’un réussir, ou avoir la voiture que vous souhaitiez ou vivre la vie de couple que vous envisagiez, que lui souhaitez-vous ? que ressentez-vous ? Prenez le temps, de vérifier ce que cela réveille. Un sentiment d’infériorité ? Une peur de rater votre vie parce que vous semblez ne pas faire aussi bien que lui ? La jalousie est bonne, ici, parce qu’elle vous montre que peut-être vous faites fausse route ou que ce que vous devez vivre, n’est pas la même vie que votre voisin.

Nous n’avons pas appris à nous réjouir de la réussite, des talents des autres, mais plutôt à avoir peur de ne pas pouvoir en faire l’expérience. « C’est injuste, pourquoi lui et pas moi ? » Nous ne voyons dans la jalousie que ce qui nous manque et sommes incapables de mettre en place, de devenir acteur de ce dont nous avons besoin pour notre propre bonheur. Ce qui est injuste c’est de penser que parce que mon voisin est heureux, moi je ne peux pas l’être et de lui en vouloir d’avoir de la chance (oui, parce que parfois c’est aussi de la chance !) du cran, du mérite, de la force, etc…de se déployer dans son existence.

Et si nous allions chercher en nous les mêmes qualités plutôt que d’envier le résultat de ces vertus ?

Pouvons-nous aujourd’hui, souhaiter du bien (bénir, bien que paraissant très religieux, le mot bénir signifie dire du bien) l’autre, à celui qui réussit, car il est porteur d’énergie positive, il est bien souvent inspirant et quand quelqu’un est heureux, il rend les autres autour de lui « heureux aussi ! » Sortir de la jalousie exige de se décentrer et d’envisager le Bien pour un plus grand nombre que soi.

Prenez le temps aujourd’hui de dire du bien de quelqu’un, qui, à la base vous rend envieux. Les réseaux sociaux sont les plus grands vecteurs de jalousie et d’envie, donc n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil, ils sont d’excellents médecins pour se purger de la jalousie.

Quant à vos enfants, l’illusion de faire pareil pour l’un et pour l’autre doit tomber. Car il n’est pas toujours juste de faire la même chose avec l’un et l’autre, car ils n’ont pas les mêmes besoins. Et ce n’est pas ne pas les aimer et les considérer que de répondre à leurs besoins spécifiques. Oui, si vous prenez la pyramide de Maslow, les besoins de bases sont les mêmes pour tout le monde, mais la réponse à ces derniers doit être différente et davantage en lien avec les affinités de chacun.